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13/06/2021

Mémoires 6 juin - épisode 1 : Prélude à l'invasion

Revenir sur le continent

Ce mois de juin est l'occasion de revenir sur un évènement important (pour l'Occident) : le débarquement de Normandie.

Une série d'articles à venir sur cet évènement qu'est le débarquement. Premier épisode : revenir en Europe, préparer le débarquement.

Préparation au débarquement


Musée Utah beach
1944. A Berlin on attend avec impatience que les Alliés débarquent, pour les affronter et les rejeter à la mer. Alors, les forces allemandes pourront ensuite contrer les Soviétiques.
Oui, mais où et quand les Anglos-saxons vont-ils débarquer ?
Les alliés ont tout fait pour bien cacher leurs plans. Différentes opérations d'espionnage et de contre-espionnage ont servi de protection au plan d'invasion.  Staline estimant que ses troupes sont un peu seules depuis 1941, réclame l'ouverture d'un second front. 

Les opérations en Afrique et en Italie vont permettent une dispersion des troupes allemandes. Mais pour les Soviétiques, ce n'est pas suffisant.

La plus grande opération militaire de tous les temps va alors prendre forme.

Revenir en Europe

L'idée de revenir sur le continent date de l'été 1940, en pleine débâcle alliée. Winston Churchill, premier ministre britannique, demandait à ses services de réfléchir à un plan. Au vu de la force de l'armée allemande, le retour n'était pas pour tout de suite. 

Les services d'espionnage, les raids de commandos, servent à tester les défenses allemandes.

En 1941, les Etats-Unis sont dans la guerre. La puissance industrielle alliée peut s'affirmer. Mais cela demande du temps et des moyens.L'apport en troupes, en matériels des Etats-Unis permettraient d'ouvrir un second front, tant réclamé par Staline.

Le nazisme apparaissant plus dangereux que le militarisme nippon, le retour en Europe passe en priorité. Néanmoins, des différences stratégiques existent entre Anglais et Américains :

  • Churchill veut attaquer là où le front semble le plus faible et aussi concurrencer les Soviétiques en Europe. Ils cherchent à vaincre l'Allemagne tout en préparant une opposition au communisme. 
  • Côté américain, on pense qu'il faut débarquer en France et foncer vers l'Allemagne. La stratégie périphérique des Anglais ne leur convient pas, et ils font confiance à Staline. Roosevelt ne voit pas l'intérêt de débarquer dans les Balkans.
Utah beach

Pourquoi la Normandie ?

Envahir l'Europe, oui, mais où ? Les Britanniques lancèrent un raid audacieux le 19 août 1942 sur Dieppe. Une attaque frontale contre un port était le but de l'opération, afin de tester les Allemands. Les troupes anglo-canadiennes s'en sortirent avec de lourdes pertes (1318 morts dont 900 Canadiens, 2000 prisonniers sur environ 6000 hommes engagés, dont 4600 Canadiens). 

Le raid fut un échec (sujet à polémique), mais riche en enseignement. La prise d'un port est nécessaire, mais l'attaque ne devait pas se faire de front.

Le nord-ouest de la France est donc l'objectif de l'invasion. Car situé non loin de l'Angleterre et aussi proche de la Ruhr, le bassin industriel allemand. Mais face au mur de l'Atlantique, où débarquer ? Le choix de la Normandie s'est fait d'après plusieurs conditions :
  • couverture aérienne sur la zone,
  • mur de l'Atlantique plus faible et pas fini,
  • proximité de ports à capturer (Cherbourg, Le Havre, les ports de la côte normande),
  • grandes plages de sable (alors que dans le Pas de Calais, les falaises limitaient les zones de débarquement),
  • grande zone derrière les plages pour se déployer et effectuer des mouvements rapides.
 
Batterie de Longues sur mer

La préparation

En 1942, les alliés n'ont pas la maîtrise aérienne nécessaire, et les U-boots allemands (sous-marins) menacent toujours la voie d'approvisionnement entre les Etats-Unis et l'Angleterre. 

Deux grandes batailles ont lieu pour obtenir cette maîtrise : dans l'air et sur mer.

La bataille de l'Atlantique

Les convois sont de plus en plus protégés. Les navires de l'US Navy et ceux de la Royal Navy travaillent de concert. La technologie avance aussi : sonar, avions à longue portée. Les sous-marins ont de plus en plus de mal à couler des navires. 

De plus, les Liberty Ship, ces navires construits à moindre coût, remplacent rapidement et en plus grand nombre les navires coulés. 

Il faut savoir, pour le malheur des Allemands, que les services secrets anglais ont percé leur code secret. A Bletchey Park, avec difficultés mais succès, les services lisent les messages de allemandes. Leurs pertes augmentent.

La bataille du ciel

Pour débarquer, il faut donc un parapluie efficace. La stratégie alliée dans le ciel européen, est d'affaiblir la Luftwaffe. Bombardements d'usines, avions de chasse pour traquer ME109 et FW190. 

P51 Mustang


L'arrivée du P51 Mustang dans le ciel européen va changer la donne. Il va éradiquer (pas à lui tout seul) la chasse ennemie. Maniable, rapide et bien armé, il est un adversaire redoutable. 

Désinformation

Autre condition, perdre les Allemands dans un tas d'information pour les tromper sur le lieu du débarquement. C'est le plan Fortitude.: 

  • faux messages, faux renseignements, leurres en tout genre (chars en caoutchouc dans la campagne anglaise, durant le printemps 1944, pour tromper la reconnaissance aérienne allemande). 
  •  Tout est fait pour que les Allemands pensent qu'un débarquement ait lieu dans Le Pas de Calais (route la plus rapide d'Angleterre en France, plus rapide aussi pour aller vers la Ruhr). 
  • D'autres opérations de contre-espionnage vont donner comme information qu'un débarquement peut avoir lieu sur la côte dalmate, en Norvège.
  • Un acteur grimé comme Monty est envoyé à Gibraltar quelques jours avant juin 1944 pour tromper les Allemands. Ainsi, croyant le général anglais à Gibraltar, ils ne pensent pas à une opération d'envergure dans les jours à venir.
  • Une fausse division américain est même "activée" dans le sud-est anglais : FUSAG. Le général Patton la commande. L'Etat Major allié l'a placé là pour tromper les Allemands. Ses troupes face au Pas de Calais indiquent donc que l'attaque aura lieu là.


Tous ces éléments sont factices : faux messages radios, faux matériels, chasse alliée qui empêche les avions allemands de pouvoir photographier à basse altitude. Les services d'information allemands n'ont pas une idée claire de ce qui se prépare.

Matériel

Question matériels, il faut tout l'effort des États-Unis, et dans une moindre mesure celle de l'industrie anglaise aussi, pour fabriquer :
  • les navires (transports de troupes, barges de débarquement),
  • les avions, les chars,
  • les munitions.
Il faut aussi faire venir et entraîner les troupes alliées. Elles sont majoritairement constituées de troupes américaines et anglo-canadiennes, mais des unités belges, polonaises, françaises, danoises participèrent aussi à l'effort.

Restes du port Artificiel Arromanches

Port en Bessin

Pour approvisionner toutes ces troupes débarquées en France, deux ports artificiels sont prévus. L'un sur la plage d'Omaha Beach, l'autre sur la plage de Gold Beach (noms : Mulberry A pour les Américains, B pour les Britanniques). Pour amener l'essence, un pipeline sous-marin est prévu : Pipeline Under The Ocean (PLUTO). Ce pipeline est déroulé dans la mer et débouchait à Port en Bessin dans un premier temps.

Le Plan d'invasion

Pour l'opération 8 divisions alliées (dont 3 aéroportées) sont nécessaires pour débarquer sur les côtes normandes.

80 kms de côtes sont concernés :
  • Utah : à la base du Cotentin, une division américaine appuyée par deux division aéroportées
  • Omaha : entre la pointe du Hoc et Arromanches une autre division américaine
  • Gold  : de Arromanches jusqu'à Courseulles, des troupes anglaises
  • Juno : sur Courseulles les troupes anglo-canadiennes
  • Sword : face à Ouistreham, troupes anglaises et commandos français

Dents de dragon Musée Utah Beach

L'heure de la Libération de l'Europe a sonné. Les Allemands sont complètement surpris, ne s'attendant pas à voir l'invasion par un temps de tempête, ni sur la Normandie. L'invasion de l'Europe commençait...

Overlord

L'opération d'invasion de l'Europe se déroule, en résumé, comme suit :
  • Neptune : opération amphibie de débarquement sur la côte normande, avec consolidation de la tête de pont,
  • une fois les troupes alliées bien implantées, foncer à travers la France vers l'Est (prise des ports de Cherbourg, du Havre, de Brest),
  • en coordination avec la Stavka (Etat Major soviétique), une offensive russe quelques semaines après le débarquement (Opération Bagration le 22 juin 1944), 
  • un second débarquement, au sud de la France, prévu pour prendre les troupes allemandes en tenaille (opération Anvil le 15 août 1944, en Provence), 
  • sur l'aile gauche, l'armée anglo-canadienne doit foncer vers la Belgique pour arriver sur la frontière allemande, appuyée sur sa droite par l'armée américaine,
  • les troupes alliées une fois entrées en territoire allemand, doivent foncer sur la Ruhr et Berlin.

Sites à visiter


texte et photos : © Franck Berthelet

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